Le coaching : l’art de poser les bonnes questions… ma fille aussi

Cette réflexion fait écho à la nouvelle interaction avec ma fille de trois ans, qui est dans une phase de questionnements en rafales couplée à un sens de l’opposition frisant parfois le ridicule. Face à ses attaques frontales interminables, entre deux crises diplomatiques, je décide donc de prendre du recul constatant que l’ennemie commençait à gagner du terrain. J’en arrive au triste constat que d’une relation agrémentée de papouilles et autres marques d’affection, nous sommes indéniablement arrivés au stade d’un divorce qui ne dit pas son nom.

Pourquoi tu vas au travail ? Pourquoi tu as un trou dans tes chaussettes ? Pourquoi tu cries sur le monsieur dans sa voiture ? Pourquoi tu ris ? Pourquoi tu pleures ?

Une kyrielle de questions assommantes qui, à la longue, n’ont plus aucune résonance. D’ailleurs, je me suis souvent surpris à juste observer les lèvres de ma fille bouger sans entendre aucun son sortir de sa bouche et essayer de compter le nombre de pourquoi qu’elle parvenait à débiter. Je recommande cet exercice aux jeunes parents ayant du mal à s’endormir ; à défaut de compter les moutons, comptez les pourquoi. Exercice relaxant permettant aussi de déjouer les crochets droits et gauches d’un adversaire plus frais et tenace que vous…soyez gauches.

En parallèle à cet appel à l’aide, cette bouteille à la mer jetée pendant une sieste durement négociée, je pars ici en campagne pour le changement, la remise en question de nos mécanismes de réactions et habitudes héritées.

Pourquoi. Souvent ce questionnement émane d’une curiosité inoffensive (Papa pourquoi tu te brosses les dents ?). Par moments, par contre, il annonce un challenge et nous pousse à décomposer une pensée, un mécanisme rouillé, une habitude qui prend la poussière sur l’étendard de nos pensées.

Papa pourquoi tu fumes ? Papa pourquoi tu ne fais plus de bisous à maman quand tu rentres du travail ? Papa pourquoi tu ne souris plus comme avant ?

Par habitude ou par manque de précaution, un épisode anecdotique devient une situation puis un contexte et ensuite une norme, acceptée ou pas, bien ancrée dans les abysses de nos mécanismes.

Dans une société où tout va plus vite qu’on ne le pense, le temps de la remise en question et de l’introspection constructive est relégué en seconde zone, dans un cimetière d’éléphants le temps de gérer les urgences du quotidien.

A ce stade, tu te demandes sûrement quel est le rapport avec le coaching. Voilà où je veux en venir. Il est répandu que le coaching est l’art de poser des questions ouvertes telles que comment, combien, qui, quoi, la liste des questions puissantes peut-être rallongée. Les questions ouvertes sont typiquement les questions dont les réponses ouvrent un dialogue en opposition aux questions fermées qui sont des interrogations auxquelles il est facile de répondre par oui ou par non par exemple.

Dans la liste de ces questions, certaines sont plus appropriées selon la situation, la personne coachée ou encore le style du coach. Pour ma part, et je n’invente rien en disant cela, le pourquoi est à utiliser avec précaution du fait qu’il peut être interprété comme intrusif, agressif, voire même accusateur. Raison pour laquelle on le remplace par moments par «quelle est la raison, dans quel but », qui veulent dire la même chose, mais sont moins directs.

Pendant une séance de coaching, aux côtés d’une personne qui hésiterait à rentrer dans le vif du sujet, un pourquoi bien placé peut vite dévoiler une problématique, jusqu’alors dissimulée. Le pourquoi permet de passer derrière l’arbre qui cache la forêt. Le questionnement sous-jacent derrière cet uppercut nous force à aller chercher l’intention du comportement.

Le pourquoi nous renvoie à nous-même, à notre système de validation. Comme un marque-page, il nous situe dans le temps. Le fameux « Papa pourquoi tu ne fais pas de bisous à maman ? » pourrait nous renvoyer à un questionnement sur la nature des sentiments dans une relation, le « pourquoi tu fumes ?» pourrait nous pousser à décomposer une habitude ancrée depuis l’adolescence quand fumer était “cool devant les potes”. Aujourd’hui est-ce que cela fait toujours du sens ? Je ne tiens pas ici à résumer de manière simpliste certaines problématiques, donc si tu es en couple ou que tu fumes, ne prends pas mes propos comme un affront mais plus comme une invitation à essayer le pourquoi.

Qu’est ce qui a encore du sens dans nos activités, nos relations, nos habitudes (encore elles) ? Qu’est-ce que ma réponse révèle sur ma personnalité ?

Une introspection n’est souvent pas une simple balade de santé, elle peut être douloureuse. Raison pour laquelle il est recommandé d’être accompagné soit par un-e ami-e bienveillant-e soit par un-e professionnel-lle.

Un ami qui avait appris à jouer du piano en parfait autodidacte s’était retrouvé presque contraint à déconstruire ses connaissances pour repartir sur des nouvelles bases quand il a décidé de prendre des cours avec un professionnel.

Dans ce parcours de vie qui est le tien, la remise en question, aussi brutale ou douce qu’elle soit, te permettra de clarifier et valider. Au pire, tenter l’expérience t’amènera à une découverte sur la personne unique que tu es.

Le temps de la sieste et du répit est terminé il est temps pour moi de retourner au front. Différemment cette fois, en effet l’ennemie ne sait pas que je vais utiliser son énergie en ma faveur et non la combattre. Et puis il faut dire aussi que concernant cette ennemie là je souffre d’un syndrome de Stockholm évident, belle souffrance j’en conviens.

Prends bien soin de toi, pourquoi pas ?

Wetu

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